La création de la couleur dans l'Audiovisuel Numérique

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Ce post est la troisième partie principale de mon mémore sur la création de la couleur dans l'audiovisuel. Il fait suite à celui sur La création de couleur sur pellicule et porte sur La couleur en numérique.

Le numérique

Si la discussion est toujours en cours sur bien des points, d'un point de vue technique le numérique est une réelle révolution. Si le numérique ne fait que recopier l'argentique la capture de l'image, tout ce qui l'entoure change. Le stockage ne fait plus la taille de la pellicule. Les disques utilisés peuvent être réutilisés. La lumière n'est plus à redouter puisqu'exposer un disque dur à la lumière n'est pas un problème. (Excepté une trop longue exposition à une forte lumière qui risquerait de faire surchauffer un disque).

On pourra dénombrer un grand nombre de d'aspect différent quant à la gestion numérique de la couleur. Pour commencer nous allons voir les différents capteurs et les différentes matrices.

A) Les Capteurs

Dans le domaine du cinéma, au commencement les caméras étaient équipées d'un capteur CCD. Qui était de qualité et était très coûteux, il équipait aussi les caméras plus grand public, ce qui faisait qu'on ne pouvait pas trouver de caméras aussi peu chères que l'on pourrait aujourd'hui à cause du coût de ces capteurs. Quand les capteurs CMOS sont apparus, ils étaient destinés aux webcams qui ne nécessitaient pas la même qualité une caméra ou qu'un appareil photo, surtout puisque le transfert de données par les réseaux n'était pas assez performant. Il aura assez vite été implanté dans des caméscopes et appareils photos beaucoup moins coûteux que ceux avec les capteurs CCD mais seront cependant bien moins performant. Les capteurs CCD offraient une meilleure sensibilité à la lumière leur permettant d'éviter le bruit parasite à l'image, mais les capteur CMOS offraient une meilleure sensibilité a la couleur ce qui évitait de sursaturer les couleurs.

Ce qui aura permis au capteur CMOS de s'améliorer aura été son prix, étant moins onéreux il aura permis de rendre plus grand public la photographie et la vidéo. Ils seront les capteurs de vidéo amateur, des téléphones portables.
On peut déjà voir une réelle différence de représentation de la couleur entre les deux capteurs sur cette image qui montre les images capturées de deux caméras de suveillance :

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Un des défauts principaux du capteur CCD est l'apparition d'un phénomène que l'on nomme le "Smear". Une traînée verticale qui apparaît autour d'un sujet filmé trop lumineux.

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Les capteurs CMOS ont commencé à être de plus en plus populaires, facilitant sa chaîne de production et allégeant son prix de fabrication et de vente. En 2007, le premier iPhone était équipé d'un des meilleurs capteurs CMOS, ce qui aura fait chuter la vente de caméscope et appareils photos au profit de ce dernier et par la suite, des autres smartphones équipés de capteurs photographiques.
Les entreprises qui fabriquaient ces capteurs ont grâce à toutes ces ventes pu perfectionner ces dits capteurs.

Aujourd'hui, les cameras les plus perfectionnées du cinéma, notamment les Alexa de Arri, ou toutes les caméras de chez RED, sont équipées de capteurs CMOS, même si ceux sont de bien meilleure facture que ceux du grand public et coûtent bien plus cher.

En 2017, on estimait que moins de 10% des cameras grand public sont équipées de capteurs CCD. Sony, le plus gros producteur de capteurs CCD qui avait plus de 50% du marché mondial en 2017, a décidé de stopper complètement leur production en 2020. Durant mes recherches pour confirmer ou infirmer cet arrêt de production qui pourrait déjà être effectif, les seuls informations que j'aurais trouvé sont dans des relevés qui montrent l'impact du Covid-19 sur la production de ces capteurs relayé par énormément de sites d'information douteux qui se ressemblent tous et ont traduit, sûrement automatiquement, un texte d'une autre langue ( impossible à retrouver ) ce qui fait des phrases incompréhensibles, qu'ils se copient tous en eux, en modifiant certaines fois maladroitement quelques mots, ce qui n'aide pas à comprendre. Tout ça pour qu'il n'y ait aucune allusion à la production de capteurs CCD par Sony.

Un autre capteur est sur le marché, aujourd'hui principalement utilisé par les appareils photos de la marche Sigma, le Fovéon. Celui-ci offrait une définition de couleur performante couplé à un coût raisonnable. Il a cependant une gestion du bruit médiocre ce qui oblige le photographe à beaucoup plus travailler la lumière. Ce que certains prennent comme un défi grâce à leurs connaissances en direction de la photographie, certains plus amateurs le voient plus comme un obstacle. Les appareils sigma sont des appareils utilisés principalement par des photographes professionnels et très peu par des débutants qui pourraient être découragés. Ce qui peut empêcher la marque de s’ouvrir à un plus grand public

Aujourd’hui, très peu de constructeurs mettent encore à la vente des capteurs CCD, ils sont souvent pour des utilisations très spécifiques, généralement pour profiter de leur sensibilité à la lumière bien supérieure.

Par exemple, dans le domaine de la médecine ou de l’astronomie. Même si aujourd’hui, même dans ces domaines, les capteurs Cmos prennent plus de place dans le marché car leur sensibilité devient bien suffisante, et leur prix moindre. Un autre domaine où l’utilisation de capteurs CCD est importante est pour les caméras de surveillance, pour pouvoir voir même en pleine nuit.

Cependant on pourrait se demander pourquoi une grande partie de ces caméras est encore en CCD alors que les capteurs Cmos sont suffisamment performant depuis longtemps pour afficher une image de nuit éclairée, surtout quand ces caméras n’ont pas besoin de tourner avec un nombre d’image par secondes conséquents, généralement entre 10 et 20 images par secondes. Et bien c’est très simple, les caméras de surveillance sont très souvent très vieilles. Et puisqu’on à pas besoin d’avoir de grandes performances d’images mais juste pouvoir voir globalement un endroit, il n’y a pas besoin de mettre à jour son équipement de surveillance pour passer à une captation en 4K. Surtout quand toutes les vidéos sont enregistrées 24h/24, une faible résolution offre donc un cout de stockage très faible.

B) Les matrices

CMOS et CCD partagent les mêmes manières de capturer la lumière. Ils sont composés de photosites, leur nombre en largeur et en hauteur sont équivalents à la résolution de l'image puisque chaque photosite forme un pixel. Leurs façons de capturer la couleur sont aussi similaires. Il existe chez chacun d'entre eux deux façons distinctes.

  1. Le mono CCD ou mono CMOS.
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    Chaque photosite est équipé de filtres de couleur rouge, bleu ou vert. Les yeux étant plus sensibles au vert, il est nécessaire d'imiter cette sensibilité: sur les 4 photosites lumineux, 2 sont sensibles au vert, 1 est sensible au rouge et 1 est sensible au bleu. Étant donné que chaque pixel n'a qu'une seule couleur, un traitement numérique est nécessaire pour que chaque pixel ait une valeur pour chaque couleur.
  1. Le tri CCD ou tri CMOS.
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    Le processus est très similaire à la trichromie pour le film noir et blanc, mais il est grandement simplifié. Ici, la lumière pénètre à travers l'objectif, puis la lumière verte, rouge et bleue sont respectivement déviées sur un capteur chacune. Ensuite, l'appareil photo crée un fichier ou superpose sur chaque pixel trois valeurs de bleue, de rouge et de verte. De cette façon, la qualité des couleurs est meilleure et plus précise qu'un mono CCD ou mono CMOS. Cette configuration n'est pas optimale pour tous les appareils. En effet, pour les caméras destinées au cinéma qui sont toujours assez grosse ce n’est pas un problème, mais dans des appareils photos de poche, webcam, ou même de plus gros appareils comme des reflex, il est impossible de faire rentrer les trois capteurs ainsi que les prismes qui dévient la lumière sans augmenter considérablement le volume et l’encombrement de ces objets.

  2. Fovéon
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    Si le fovéon fournit une qualité de représentation des couleurs similaire au Tri CCD ou Tri CMoS, c'est parce que chaque pixel capture également la valeur de chaque couleur. Contrairement aux tri capteurs, il n'y a qu'un seul capteur composé de trois couches d'absorption de longueur d'onde. Par conséquent, le capteur imite le film couleur. Son processus reste exactement le même, car la première couche qui capture le bleu empêche ces longueurs d'onde de continuer sur les couches inférieures. Le calque vert a le même effet :
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Une autre caractéristique majeure de ce capteur et des tri capteurs est que la taille du fichier est très importante. Selon le photographe Guillaume Wilmin, les photos prises avec un appareil Sigma (la seule marque utilisant un capteur Fovéon) nécessitent jusqu'à 350 Mo d'espace pour les photos prises en RAW.

C) La Résolution de l’image

La résolution est l’un des principaux caractères de l’image. Celle-ci représente le nombre de pixel de l’image. Plus une image contient de pixel, plus sa résolution est grande. Une plus grande résolution donne une image plus précise et permet de voir plus de détails. Cependant une plus grande résolution engendre un plus grand nombre d’informations et une augmentation de la quantité de données à stocker, à traiter et à transporter. Cette résolution est exprimée sous cette forme :
1920x1080 pour une image qui a 1920 colonnes et 1080 lignes de pixels.
Les dimensions d’images les plus courantes dans l’audiovisuel sont :
FHD : 1920x1080 UHD : 3840x2160 4k : 4096x2160 8k : 8180x4320

D) L’Échantillonnage.

"L’échantillonnage est le prélèvement ponctuel d’un signal continu”*, dans notre cas, la lumière reçue par un capteur pour la traiter numériquement, le mémoriser et le transporter.
Les exemples ci-dessous montrent le principe de la couleur en Y’CbCr. Ce procédé est arrivé quand les télévisions couleur sont arrivées. Il a pour but de séparer les canaux de couleur et de lumière. Ainsi les téléviseurs à récepteurs noir et blanc ne capteront que le signal de luminance, et les nouveaux téléviseurs à couleur pourront aussi afficher les deux autres canaux de chrominance, Cb et Cr.

Dans le cas du capteur Fovéon ou des tri CCD et Cmos, on comprend bien que chaque pixel ait une valeur de bleu, de vert et de rouge. Chaque pixel des images captées avec des capteurs Mono CCD et mono CMOS ont aussi trois valeurs de couleurs puisque qu’après la prise de vue de la photo, il y a un dématriçage qui, à l’aide de calculs du processeur de l’appareil, en faisant des moyennes entre les valeurs des pixels de chaque couleur, accorde à chaque pixel une valeur rouge, une bleu et une verte.

Le mode de sous-échantillonnage d’une image se définit de la manière suivante : « X :X :X » X indiquant la définition de chacun des canaux d’une image dans un groupe de 4 pixels. Les modes de sous-échantillonnage les plus courants sont :

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4:4:4 : Désigne une image sans traitement de sous-échantillonnage. Les 3 canaux ont la même résolution. Utilisés par les studios de post-productions de cinéma pour des traitements de qualité qui sont équipés d’ordinateurs suffisamment puissants pour traiter ces fichiers et d’espaces de stockage très importants. Pour avoir l'image en Y Cb Cr il faut recalculer l'image RGB en sortie de la camera. Le 4:4:4 peut néanmoins rester en RGB avec 3 valeurs par pixel.

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4:2:2 : Désigne une image dont un pixel sur deux n’a pas de valeur de couleur. Cette simplification et l’allègement des données permet d’être utilisé pour la post production de studio où les moyens alloués ne sont pas les mêmes et que les effets ajoutés sont moins importants et ne nécessitent pas la même rigueur quant à la qualité des images et de la représentation des couleurs. La luminance, elle, garde une valeur sur chaque pixel. Pour avoir ça, il faut recalculer l'image RGB à la sortie de la caméra.

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4:2:0 : Désigne une image dont un seul pixel sur quatre comporte des valeurs de couleur.. C’est le sous-échantillonnage le plus optimisé pour la vue humaine. Celui-ci est utilisé en très grande majorité pour de la diffusion, en DVD, blu-ray, à la télévision ou sur internet. L’utiliser pour de la post production est très loin d’être optimal, l’image manquant énormément de précision il est certes plus léger à faire tourner pour les machines mais il posera d’énorme problèmes pour ce qui est effet visuel, effets spéciaux ou colorimétrie. Ici encore, la luminance garde une valeur sur chaque pixel et il faut recalculer l'image RGB à la sortie de la caméra.

Le sous échantillonnage se fait couramment. Ce principe profite du fait que l'œil humain capte les couleurs et leurs variations avec quatre fois moins de précision que la luminosité. Le but étant de réduire le nombre d'informations de l'image tout en gardant une qualité similaire, en prenant compte de l'observation précédente, on peut alors essayer d'avoir jusqu'à quatre fois moins d'information de couleur que de lumière, soit le 4:2:0. Ensuite les pixels n'ayant pas de valeurs de couleurs sera rempli artificiellement en créant l'interpolation des pixels colorés et créant un moyenne de chrominance que partageront les pixels.

Comme vu plus tôt, ce sous échantillonnage est très efficace pour la diffusion puisque l'œil humain ne le perçoit presque pas, mais reste incompatible avec le travail de post production, d'effets visuels puisque les appareils numériques, les ordinateurs par exemples, nécessitent plus de précision pour exécuter leurs effets comme l'incrustation chromatique qui ne peut pas se permettre d'être à 4 pixels près pour un résultat convenable.

E) La profondeur

La profondeur désigne la quantité de bits sur laquelle sont précisées les valeurs d’un pixel. Plus ces valeurs ont de bits et plus ces valeurs auront de variantes, de nuances et donc de précision. Cependant, plus le nombre de bit est grand, plus il y aura de données à stocker. Les bits étant codés en binaire, soit en puissance de 2.
Pour l'utilisation la plus courante, 8bit, chaque couleur d'un pixel a une profondeur de 8bit, puisque 8bit = 1 octet, on peut dire que chaque couleur vaut 1 octet. Pour une image en 1920 x 1080 en RGB on a alors 3x1920x1080=6 220 800octets, soit 6,2 Mo pour une image, pour une vidéo a 25 images par secondes on arrive a 155 Mo/s. Ok faudrait donc moins de 10 secondes pour faire un Go. En 8 bit il y a 16,7 Millions de nuances de couleurs.
Si on prend une image en 10 bits, on a alors : 10x3x1920x1080=62 208 000 bits=7 776 000 octets soit 7,8 Mo ou 195Mo/s. En 10 bit il y a 1,07 Milliards de nuances de couleurs.

Aujourd'hui, la majorité des équipements particuliers sont en 8bit, ce qui simplifie le travail dans l'audiovisuel puisqu'à la télé par exemple n'aurait aucun intérêt a envoyer des images en 10bit si personnes ne peux les lire avec cette profondeur a cause de leurs écrans

La profondeur de 10 bits ou plus permet un travail sur l'image, et de effets spéciaux plus efficaces pour les studios de post production, cette profondeur permet d'appliquer des retouches plus précises avec un plus grand contrôle. Une fois tout le travail finit, l'image est compressée en 8 bit pour la télévision, internet ou DVD, tandis qu'elle seras compressée en 12 bit pour le cinéma, en format DCP ( Digital Cinema Package ).

F) Le Débit

Le débit représente la quantité de donnée par seconde de la vidéo, exprimé en bit par seconde (b/s) ou octet par seconde (o/s), le plus souvent on utilise surtout leur multiples soit Kilo, Méga, voire même Giga.

C'est évident qu'une caméra professionnelle pour le cinéma ne peut pas avoir le même débit qu'un appareil amateur comme un téléphone par exemple et cela est dû à plusieurs choses. Quand on film avec un téléphone, on n'a généralement pas d'équipement supplémentaire rattaché à celui-ci, le transfert de fait immédiatement sur le stockage de celui-ci, aujourd'hui ce débit est bien plus important qu'au début, probablement plus important que les premières caméras numériques, ce qui permet à certains téléphones de filmer en 4k 60p. Cependant dans les caméras cinéma, prenant comme exemple les Alexa, celles-ci sont équipées de connectiques plus importantes, d'un système plus lourd et contrairement à un téléphone portable, la hausse de la température n'est pas un réel problème puisqu'elles sont équipées d'un système de refroidissement ( même dans le cas où il n'est actif qu'entre les prises, le portable ne se refroidit qu'à l'air durant cette période ). De plus, des espaces de stockages spéciaux ont été mis en œuvre spécialement pour l'audiovisuel pour fournir des débits très rapides.

C'est pourquoi un téléphone ne film qu'en 8bit déjà compressé en H264 pour avoir un débit faible tandis qu'une Alexa elle film en 12 ou 14 bit non compressé dans un format très lourd.

Le débit est fonction de tous les éléments cités jusqu’ici, la résolution, l’échantillonnage et la profondeur.

G) Le Gamut :

Le principe du gamut est très simple.
Chroma.png
Sur ce diagramme de chromaticité on voit toutes les couleurs que l'œil humain peut percevoir. Au centre de ce diagramme, entre X≈ 0,3 et Y≈ 0,3 on a le blanc. On a une courbe qui représente les différentes longueurs d'onde faisant partie de la gamme visible par l'humain, puis en bas, la droite de pourpres reliant le rouge et le bleu, montrant les différents mélanges de ces deux couleurs. Si on prend un segment entre le milieu et le point du bleu, 450 nm en (0,14 ; 0,04) environ, plus on est proche du centre et moins le bleu est saturé, plus on s'éloigne du centre et plus le bleu est saturé.
Un gamut est une zone de ce diagramme. Prenant pour exemple le gamut le plus utilisé, pour la télévision, les DVD, internet… etc. Le rec. 709, il est l'un des plus petits gamuts. Il ne faut pas se méprendre, même s'il est le plus petit, il permet quand même d'avoir une bonne quantité de couleurs, il a une profondeur de 8 but pour chaque couleur, sur les 256 valeurs que cela offre, toutes les valeurs entre 16 et 235 sont utilisées. Ce qui offre 219 valeurs par couleur soit plus de 10 millions de couleur. Voilà ce qu'il représente sur le diagramme :
rec709.png
Plus un gamut est large, plus il permet d'avoir des couleurs nuancées et proches de la réalité.

H) Le RAW :

Pour présenter le fichier Raw, on prend d'abord le sens du mot qui signifie "brute" en anglais. Pour faire simple, les fichiers en Raw ne comportent que ce que le capteur de l'appareil a capturé, sans aucune interprétation, dématriçage ou compression, et ajoute juste assez de métadonnées pour que l'image puisse être interprétée par un ordinateur, en interprétant la matrice

Dans le cas de la majorité des capteurs actuels, les Tri CMOS, avec la matrice de Bayer, si on prend une vidéo en 1920x1080 en 25p avec une profondeur de 12 bit. On a donc :
12x1920x1080x25 = 622 080 000bit/s = 77 760 000 ≈ 77,8 Mo/s.
Ce qui nous donne environ 4,7 Go par minute filmée, en ne prenant que les minutes utiles filmées, sur un long métrage d'1h30 on arrive à plus de 421 Go.

On peut alors comprendre le poids des fichiers des appareils photos Sigma avec un capteur Fovéon. Le Sigma sd Quattro H propose de capturer l'image en 14bit, avec trois couches de couleur par pixel, sur une résolution de 6200 sur 4152. En calculant on obtient :
14x3x6200x4152 = 1 081 180 800bits = 135 147 600 octets.
Pour cette image on obtient 135 Mo. On pense bien que filmer avec ces dimensions plus un capteur Fovéon représenterait un réel challenge puisque cela nous donne, à 25 images par seconde, presque 3,4Go/s.

Outre un contrôle des couleurs bien plus précis, le Raw offre un autre avantage conséquent. On a une dynamique de lumière bien plus importante, et grâce à son nombre de bit plus imposant (14 par exemple), il y a un nombre de nuances bien plus grand qu'avec du 8bit ( 16,7 millions pour du 8bit contre 4,398 milliards pour du 14 bit ). On peut avoir de très hautes lumières avec de très basses lumières et garder des informations dans les deux cas. Ce qui permet un étalonnage plus précis et une plus grande latitude quant aux changements de luminosité en post production.
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La majorité des marques fabricants d'appareils ont créé leur propre format RAW, la majorité des différences entre eux réside dans les métas datas pour leur interprétation logicielle. Certains d'entre eux ont misé sur un format accessible uniquement par leur propre logiciel de gestion, comme les caméras de chez BlackMagic qui proposent un RAW lisible uniquement par DaVinci Resolve, ou les photos des appareils de Sigma à capteurs Fovéon qu'on ne peut traiter qu'avec Sigma photo Pro.

On comprend que filmer des images qui nécessitent un travail de post-production important, qui doivent avoir une qualité irréprochable, avec un format en 8K et 14 bits de profondeur représente un réel investissement quant au stockage puisqu’il faudrait stocker des images qui font plus d’1,5Go/s en 25p. Ce qui fait plus de 5,5 To pour une heure.

I) Le Log :

Les fichiers en log permettent aussi une dynamique plus élevée qu'un fichier habituel tout en permettant une lecture plus simple pour les logiciels de post production et une espace stockage nécessaire plus faible. Ils permettent aussi d'avoir accès à un gamut plus grand que le gamut Rec.709 par exemple.
L'image obtenue en sortie de caméra sera très peu contrastée et colorée, c'est ce qui aura permis de capturer plus de détails dans les zones sombres et lumineuses en même temps.

La vidéo en log est souvent associée aux LUTs (Look-Up Tables), qui ne sont rien de moins que le preset d'un étalonnage. Celles-ci servent aussi bien pour le tournage que pour la post production. Une fois que l'on a choisis à quoi ressemblerait notre film, une idée de l'étalonnage, du contraste, de la profondeur des noirs, des teintes et de la saturation et vibrance des couleurs, si l'on tourne en log on peut, directement sur le View-Finder ou sur un moniteur appliqué une LUT, elle ne sera pas enregistrée, elle ne sert qu'à voir sur le tournage une idée de ce à quoi ressemblera l'image après étalonnage.

Comme pour le RAW, Chaque marque de fabricant a son ou ses propres formats logs, offrants chacun des caractéristiques différentes. Principalement des Gamuts bien différents.
Pour voir l'utilité d'une LUT on va utiliser l'image fournie par SONY sur son site internet
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Cette image capturée en s log, le log propriétaire de Sony, dans l'espace colorimétrique S-gamut, appartenant également à Sony, on voit bien que l'image est terne avec un contraste très faible. Ci-après on verra ce à quoi elle ressemble après le passage d'une LUT également téléchargeable sur le site de Sony.
lut.jpg

Le résultat est sans appel, le contraste est bien plus précis, les noirs sont très profonds, tout en gardant beaucoup de détails, les zones à fort contraste sont nettes et précises, ici l'accoudoir du côté gauche de l'image est bien démarqué de l'arrière-plan alors que sur l'image non étalonnée on pourrait avoir l'impression qu'ils sont aussi lumineux. La charte de couleur est beaucoup plus vive, la lampe sur le côté droit est rose alors qu'elle paraissait presque blanche précédemment, de même pour certaines fleurs sur la table. Les ombres sur le coussin du côté gauche sont beaucoup plus marquées et les couleurs de l'autre coussin sont beaucoup plus vives et font ressortir certaines parties qu'on ne voyait même pas avant.

Filmer une image en log permet de capter plus de détails et d'informations dans les basses et hautes lumières ainsi que dans les saturations de couleur. Mais tout comme le log, il faut prendre un temps supplémentaire pour le travailler parce que l'image sortie de la caméra n'est pas convenable pour un visionnage au cinéma.

Conclusion Numérique :

Le numérique aura apporté énormément de nouvelles façons de travailler, des simples comme des plus compliquées. La flexibilité d'usage du numérique en aura fait un outil pour tout le monde. Le bas pris des cameras grand public aura permis à beaucoup de commencer et d'apprendre l'audiovisuel.

Une chose est à bien garder en mémoire dans le cinéma numérique. Il faut savoir prendre en compte le budget qu'on a pour savoir comment filmer. Un long métrage a 10 000€ ne peut pas se permettre de filmer des images en 4K RAW 14bit, les coûts seraient beaucoup trop importants sur beaucoup trop de points. Premièrement, il faut une caméra capable de filmer de cette manière. Il faut compter avec ceci du matériel pour sauvegarder les données, tout en gardant en mémoire que deux copies valent mieux qu'une, et que pour un long métrage il y en aura surement pour des Téra octets. Puis arrive la partie post production, si l'on film en Raw, qui plus est si c'est en 4 ou 8k, il faut un ou des ordinateurs très puissants. Capables de gérer ces fichiers lourds. Il faudra aussi payer quelqu'un pour plus longtemps que simplement le montage puisqu'il y aura aussi de l'étalonnage.

Chaque prise de décision sur la façon de filmer à une incidence très importante sur le coût de la post production et la diffusion est à prendre en compte. Un podcast sur YouTube n'aura absolument pas besoin d'autant de préparation, filmer en format MP4 avec un DSLR récent est déjà bien plus que convenable puisque de toute façon, YouTube compressera ensuite la vidéo pour prendre le moins de place possible, il y aura donc de grosses pertes de qualité, filmer au-delà de 8bit n'est peut-être pas nécessaire, il en va tout de même du goût de chacun.

Certaines émissions vues sur des plateformes de streaming de vidéo ont aussi des fois une grande qualité artistique, c'est par exemple le cas de Crossed, une série de vidéo animée par Karim Debbache qui parle des films adaptés de jeux vidéo, qui a, avec peu de budget, une image et une colorimétrie impeccable, grâce au vidéaste qui aura travaillé plusieurs années en tant que Monteur et étalonneur. Plusieurs années après, il aura créé une seconde série de vidéo nommée CHROMA, avec beaucoup plus de budget, sur laquelle la qualité graphique aura encore augmenté puisqu'il aura ici tout tourné dans des fichiers lourds pour se permettre un étalonnage conséquent. Pour une diffusion au cinéma c'est autre chose, la norme DCP étant assez lourde, un travail supplémentaire sur l'image a son intérêt.



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